Paris, 13 nov 2024 (AFP) - Le risque sur la sécurité d'approvisionnement en électricité de la France cet hiver apparaît "faible", selon le gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE qui souligne que le pays est en situation de battre son record d'exportation nette d'électricité sur une année.
"Le risque sur la sécurité d'approvisionnement apparaît faible pour cet hiver et ne se matérialiserait qu'en cas de situation exceptionnelle", a affirmé RTE en présentant mercredi ses "Perspectives du système électrique pour l'hiver 2024-2025".
Le gestionnaire du réseau haute tension souligne que la France est même "en situation de battre son record d'exports nets d'électricité sur une année", qui date de 2002, avec une prévision autour de 85 TWh à la fin décembre.
"La production bas carbone française, nucléaire plus renouvelable, est très compétitive sur les marchés européens et dès qu'elle est disponible, elle est appelée" par les acteurs de marchés, s'est félicité Thomas Veyrenc, le directeur général économie, stratégie et finances de RTE.
Cela "se comptera en milliards d'euros de facteur positif pour la balance commerciale française", a-t-il ajouté.
RTE dévoilera ce chiffre en février prochain, lors de la publication de son bilan annuel.
Selon Jean-Paul Roubin, le directeur exécutif clients et opération du système électrique de RTE, le niveau de risque sur la sécurité d'approvisionnement est de 1 sur 5 en début d'hiver, "donc c'est un risque très faible", qui écarte la probabilité de coupures.
Selon lui, il faudrait pour en arriver là une combinaison de plusieurs événements défavorables (vague de froid, indisponibilité importante du parc nucléaire, événements qui limiteraient les capacités d'importation...).
"Et si on se projette en fin d'hiver, on est à 2 sur 5. C'est un risque qui est homogène d'ailleurs à celui pour l'hiver dernier", a-t-il ajouté.
La consommation d'électricité a cessé de baisser
RTE rapporte par ailleurs que si la consommation d'électricité demeure à un "niveau bas", elle a cessé de diminuer, contrairement aux années précédentes. "Elle semble avoir atteint un palier à partir duquel elle s'infléchirait progressivement à la hausse au cours des prochaines années", indique le gestionnaire.
La consommation avait nettement baissé à partir de l'automne 2022 sous l'effet de la flambée des prix de l'énergie et des appels à la vigilance alors que la menace de coupures d'électricité était d'autant plus forte que de nombreux réacteurs nucléaires étaient à l'arrêt en raison de problèmes de corrosion sous contrainte.
"La consommation 2024 est toujours en retrait par rapport à la moyenne des années 2014-2019", années de référence avant Covid et avant crise énergétique, a expliqué Thomas Veyrenc. "On est toujours sur de l'ordre de 6% en dessous de ces valeurs-là, a-t-il ajouté.
Selon lui, le parc nucléaire français peut produire actuellement jusqu'à 47 gigawatts (GW) - sur une capacité totale installée de 61,4 GW -, un niveau "très supérieur" à 2022, année de la crise de la corrosion sous contrainte, et "significativement supérieur à novembre 2023".
"Donc, un début d'hiver qui est largement dérisqué", a-t-il assuré en estimant que les projections de RTE montrent une disponibilité "de l'ordre de 50 GW au milieu de l'hiver". "C'est une amélioration qui est très notable et qui contribue de manière très importante à l'amélioration de notre sécurité d'approvisionnement", a-t-il dit même si cela demeure inférieur au niveau des années 2010, qui avoisinait en moyenne 55 GW.
La France bénéficie également d'une production hydraulique "exceptionnellement élevée" du fait des précipitations des derniers mois, selon lui. Elle est de plus de 62 TWh à fin octobre, en hausse d'environ 40% par rapport à 2023 avec des barrages largement remplis à l'approche de l'hiver. Elle pourrait s'approcher du record de 2013 (75,5 TWh).
Le développement du solaire et de l'éolien terrestre se poursuit, le premier "rapidement" tandis que le second "voit sa croissance légèrement ralentir", selon RTE qui projette le développement de 4 GW de capacités solaires et d'environ 1 GW d'éolien terrestre en 2024.