🚨️Le gouvernement prêt à lâcher du lest sur l'électricité pour éviter une "tempête" budgétaire

Paris, 28 nov 2024 (AFP) - Menacé d'être renversé au Parlement, le gouvernement s'est dit jeudi disposé à faire "des concessions" sur les textes budgétaires qui cristallisent les oppositions de la gauche à l'extrême droite, notamment la taxe sur l'électricité, afin d'éviter une "tempête" économique et financière à la France.

Le gouvernement de Michel Barnier joue sa survie face à la motion de censure que le Rassemblement national menace de voter avec la gauche, peut-être dès la semaine prochaine sur le budget de la Sécurité sociale, faute d'obtenir des engagements en faveur du pouvoir d'achat des Français, dont le parti d'extrême droite s'est érigé en garant.

Le RN soutient également la gauche dans sa tentative jeudi d'abroger la très décriée réforme des retraites.

Depuis le début de leur parcours parlementaire, l'exécutif minoritaire s'est dit prêt à "améliorer" les textes budgétaires qui prévoient 60 milliards d'effort en 2025 afin d'assainir des finances publiques très dégradées. Il a multiplié les compromis, notamment sur l'indexation des retraites ou les allègements de cotisations sociales des entreprises.

C'est insuffisant pour la cheffe des députés du RN Marine Le Pen. Elle veut des "engagements clairs et fermes sur l'abandon des 3 milliards d'euros de hausses du prix de l'électricité (au budget de l'Etat), l'abandon du déremboursement de nouveaux médicaments et de la désindexation des retraites".

Un geste

Une des principales dispositions du projet de budget, censée rapporter 3,4 milliards d'euros, la taxe sur l'électricité autorise le gouvernement à relever la fiscalité à un niveau supérieur à celui qui prévalait avant le bouclier tarifaire contre l'inflation. La baisse de 9% sur la facture d'électricité promise à une majorité de Français grâce au repli des prix de gros sur le marché serait plus importante sans ce relèvement.

"Quelles que soient les différences de valeur qu'on a, on est aujourd'hui face à une situation extrêmement grave pour le pays. Le Premier ministre a parlé de tempête. Ce n'est pas un mot choisi au hasard, c'est un mot qui a une résonance financière, économique et budgétaire, et nous sommes évidemment prêts à des concessions pour éviter cette tempête", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances, Antoine Armand, sur BFMTV/RMC.

"Le geste sur l'électricité, nous y sommes prêts", a-t-il concédé. Mardi, Michel Barnier avait assuré sur TF1 qu'il allait "voir si on peut faire plus pour préserver le pouvoir d'achat des Français".

Mais Antoine Armand a dans le même temps réaffirmé sa détermination à redresser les comptes publics, alors que la deuxième économie de la zone euro est épinglée par Bruxelles pour son déficit excessif et attend la décision de l'agence de notation S&P sur sa dette vendredi soir.

Dislocation

L'exécutif souhaite ramener le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, puis sous le plafond européen de 3% en 2029, tout en amorçant une lente réduction de la colossale dette (112% du PIB à fin juin soit presque 3.230 milliards d'euros).

Sans budget, la France foncera droit dans le mur, selon le gouvernement, qui multiplie les cris d'alarme.

"Ce que je dis aux partis politiques qui n'ont rien en commun, tout à droite ou tout à gauche de l'hémicycle, c'est (que) (...) ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord avec une politique qu'on met un pays dans le rouge", a lancé Antoine Armand.

"On risque de décrocher comme un avion qui est en altitude et qui à un moment risque de perdre le contrôle. Or, il y a un chemin: ce chemin, c'est ce budget", a-t-il ajouté. A l'opposé, "il y a le chemin de l'inconnu, il y a le chemin de la dégradation, il y a le chemin de la dislocation du pays", a-t-il poursuivi, appelant le PS à la "responsabilité".

L'éventualité d'une France sans gouvernement fait déjà tressaillir les marchés. L'écart ("spread") entre les taux souverains français à 10 ans et ceux de l'Allemagne a atteint cette semaine son plus haut niveau depuis 2012. Le taux d'emprunt de la France est supérieur à ceux de l'Espagne et du Portugal, et pour la première fois mercredi, il a dépassé brièvement celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite.

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