🚨️Chantiers de l'Atlantique, l'éolien en mer pour un nouveau départ industriel

08 avril 2025   •   3 minutes de lecture

Saint-Nazaire, 8 avr 2025 (AFP) - Loin de la crise des années 2010, les Chantiers de l'Atlantique ont renoué avec la croissance et se sont diversifiés en misant notamment sur l'éolien en mer en France et en Europe, où ils revendiquent la place de numéro deux.

"Créer une industrie nouvelle en France au 21e siècle, on est des pionniers!", s'exclame Frédéric Grizaud, directeur de l'activité Energie Marines du dernier grand chantier naval de France d'où sortent des paquebots de croisière géants.

"J'ai lancé cette activité au moment où on parlait très peu d'éolien offshore en France", rapporte-t-il au pied de la sous-station électrique destinée au parc de Dieppe Le Tréport.

Cette immense structure de 40 mètres sur 30, et 20 mètres de hauteur, est en cours d'achèvement à Saint-Nazaire. Les sous-stations servent à concentrer le courant électrique venu des éoliennes puis à en élever la tension, avant de l'injecter dans le réseau de distribution géré par RTE.

"Ca vaut entre 100 et 300 millions", souligne Frédéric Grizaud.

Elle sera installée l'été prochain. Le projet, comme celui de Yeu-Noirmoutier, est porté par Ocean Winds notamment, une société détenue par Engie et EDP Renewables (EDPR).

C'est en 2010 que les Chantiers de l'Atlantique se sont lancés dans l'éolien en mer. A l'époque, leur actionnaire principal était le sud-coréen STX Business Group et les Chantiers s'appelaient STX Europe. Mais en raison de la crise économique, la société faisait face à des problèmes de compétitivité et plusieurs commandes avaient été annulées.

Elle a alors lancé un plan pour se remettre en selle en s'appuyant notamment sur l'activité Energies Marines. Redevenue Chantiers de l'Atlantique en 2018, elle est aujourd'hui détenue à 84,34% par l'Agence de Participation de l'Etat et 11,67% par Naval Group.

"On s'est adressé tout de suite au marché export. On a commencé dans l'éolien offshore en Europe du Nord, avec des contrats au Royaume-Uni, en Allemagne et en Belgique", raconte Frédéric Grizaud.

L'activité "est aujourd'hui moitié France, moitié export. Nous sommes un des gros exportateurs de la filière".

La compétitivité pour se bagarrer

Le chiffre d'affaires "a doublé entre 2023 et 2024" et va "encore doubler" entre 2024 et 2025. "C'est une vraie croissance d'activité. On va tourner autour de 400 millions cette année". Les Chantiers emploient 420 personnes, mais "chaque jour, il y a entre 600 et 700 personnes" sur nos projets, dit M. Grizaud.

Le travail va de la conception à la réalisation de la structure métallique, la mise en peinture et l'intégration d'équipements "100% européens, 80% français", souligne-t-il. Selon lui, la sous-station du Tréport a mobilisé environ 200 entreprises sur le territoire français.

"L'éolien offshore n'irrigue pas uniquement le tissu industriel des façades maritimes", souligne-t-il. Le chiffre d'affaires sous-traité se répartit "pour moitié sur la façade ouest de la France et pour moitié sur l'ensemble de l'est, Auvergne, Rhône-Alpes, Bourgogne, Franche-Comté et PACA."

A l'international, les principaux concurrents des Chantiers sont européens. "C'est une industrie qui a été inventée en Europe, sur laquelle elle a développé des compétences et une compétitivité qui nous permettent de nous bagarrer", affirme Frédéric Grizaud.

Selon lui, "l'éolien offshore dans le monde, c'est 45% en Europe, 40-45% en Chine et une dizaine de pour cent pour les Etats-Unis, Taïwan et quelques autres pays". Mais, le marché chinois "nous est complètement fermé, il est complètement séparé", relève-t-il.

A court terme, les Chantiers vont investir 100 millions d'euros pour doubler la capacité de production de sous-stations. Est prévue notamment une deuxième plus grande alvéole de peinture d'Europe pour multiplier par deux le flux de production.

Puis "aux alentours de 2040", ils visent le renouvellement des premières éoliennes mises en service au début des années 2000.

"Quand on est un industriel, qu'il y a du marché, qu'on est compétitif, qu'on a du succès, on a envie de continuer à investir, à embaucher", se réjouit Frédéric Grizaud. Quinze ans après, il fait un constat: "On peut faire de l'industrie compétitive en France et en Europe, mais (...) on ne peut pas s'endormir. Si vous vous endormez, vous êtes mort."

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