Le bilan carbone en bref : Comment le mesurer ?
Pour lutter contre le réchauffement climatique, l’Accord de Paris a fixé une trajectoire : limiter à +1,5 °C l’augmentation de la température mondiale.
Pour atteindre cet objectif, diminuer les émissions de gaz à effet de serre est un impératif.
Réussir exige l’engagement de tous les acteurs. États, professionnels, particuliers : chacun peut agir. Réduire les émissions carbone de votre entreprise, c’est contribuer à un avenir plus durable. C’est aussi baisser votre facture énergétique. Mais par où commencer ?
Le bilan carbone est la première étape d’une stratégie de transition énergétique efficace. Qu’est-ce que le bilan carbone ? Comment quantifier les émissions de gaz à effet de serre de votre entreprise ? Que signifient Scope 1, Scope 2 et Scope 3 ?
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Qu’est-ce que le bilan carbone ?
Le Bilan Carbone® est une méthode de calcul des émissions de gaz à effet de serre établie dès 2004 par l’ADEME, l’Agence nationale de la Transition énergétique en France. Son objectif ? Quantifier les volumes de gaz à effet de serre dus à l’activité humaine.
Bilan carbone : définition
Le bilan carbone mesure les quantités de gaz à effet de serre émises par l’entreprise, en identifiant les principales sources.
Ce bilan tient compte de la globalité des émissions de GES, directes et indirectes de l’entreprise.
Si le dioxyde de carbone est le plus connu des GES, d’autres gaz au pouvoir de réchauffement global (PRG) puissant sont pris en compte dans les calculs : le méthane, le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux (N2O) et les gaz fluorés (hydrofluorocarbures - HFC), perfluorocarbures - PFC, hexafluorure de soufre – SF6, trifluorure d’azote - NF3).
Réaliser un bilan carbone est le préalable indispensable pour construire une stratégie de transition énergétique performante. Ce bilan exhaustif aide à prioriser les mesures les plus efficaces pour réduire les GES. Il permet aussi de piloter, suivre et adapter le plan d’actions en fonction des résultats obtenus.
Le bilan carbone : une obligation ?
Dès 2010, la loi Grenelle II a rendu le bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES) obligatoire pour certains acteurs publics et privés. Depuis le décret n°2022-982 du 1er juillet 2022, le BEGES inclut toutes les émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes (scopes 1, 2 et 3).
Conformément à l’article L229-25 du Code de l’environnement, les personnes morales de droit privé employant plus de 500 salariés (et plus de 250 en outre-mer) doivent réaliser un bilan GES tous les quatre ans. Le délai est réduit à trois ans pour les services de l’État, les collectivités et leurs groupements de plus de 50 000 habitants et toutes les personnes de droit public employant plus de 250 agents.
Ce bilan s’accompagne d’un plan de transition et de réduction des émissions de GES. Il détaille les objectifs de l’entreprise, ainsi que les moyens alloués et les actions planifiées pour les atteindre.
Bon à savoir : à partir de 2025, l’obligation de BEGES concernera toutes les entreprises de plus de 250 salariés et les PME côtées en Bourse, dans le cadre de la directive CSRD (Corporate Sustainibility Reporting Directive).
Pourquoi toutes les entreprises devraient réaliser un Bilan carbone ?
Même non assujetties à l’obligation de BEGES, toutes les organisations publiques et privées ont un intérêt stratégique, commercial et concurrentiel à s’engager.
Réaliser un Bilan carbone, c’est :
- Contribuer à la transition énergétique et réduire son impact sur l’environnement et son empreinte carbone.
- Répondre aux attentes de plus en plus exigeantes des parties prenantes, clients, partenaires et investisseurs en matière de durabilité.
- Garantir sa conformité à la réglementation environnementale et écologique.
- Valoriser l’image d’une entreprise engagée et durable, déployant une politique RSE de responsabilité sociale et environnementale exemplaire.
- Ouvrir la voie aux économies d’énergie, et donc financières.
Comment réaliser un bilan carbone ?
L’ADEME recense six étapes pour la réalisation d’un bilan carbone : cadrer le périmètre, identifier les postes d’émission carbone, collecter les données, analyser les résultats, élaborer le plan de transition, publier le bilan.
Catégoriser les émissions carbone
La première étape du bilan carbone consiste à identifier le périmètre du projet et les postes d’émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise.
Les émissions de GES sont classées en trois catégories :
- Les émissions directement liées à l’activité de l’entreprise, ou Scope 1. Cette catégorie regroupe les émissions de GES dues au chauffage des locaux ou à l’usage des véhicules d’entreprise.
- Les émissions indirectes associées à la consommation d’énergie, ou Scope 2. Elles sont générées par le mode de production et de distribution d’électricité, de chaleur, de froid et de vapeur nécessaires au fonctionnement de l’entreprise, à la fabrication des produits et services ou aux véhicules d’entreprise.
- Les autres émissions indirectes en amont ou en aval de la chaîne de valeur de l’entreprise, ou Scope 3. Plus complexes à mesurer, elles incluent les émissions de GES générées par les fournisseurs, le transport, le cycle de vie des produits notamment lors de leur utilisation finale par les clients, l’acquisition de biens immobiliers ou mobiliers ou encore le traitement des déchets.
Au total, 22 postes d’émission de GES sont répertoriés :
Cette distinction en 3 scopes est reprise par tous les protocoles qui guident les entreprises dans le calcul du bilan carbone, notamment par la norme ISO 14064.
En France, les entreprises sont encouragées à s’appuyer sur la méthodologie de l’ADEME, mais d’autres cadres internationaux existent comme le Green Gas Protocol (GHG Protocol) ou le Science-Based Targets Initiative (SBTI).
Collecter les données
Une fois les postes d’émissions carbone recensés, s’engage l’étape la plus longue et la plus chronophage : la collecte exhaustive d’un volume élevé de données.
Ces dernières peuvent être déjà disponibles dans l’entreprise, ou à recueillir auprès des fournisseurs, des clients, des usagers, etc. Elles peuvent être complétées par des données statistiques.
Toutes les émissions de gaz à effet de serre entrant dans les scopes 1, 2 et 3 doivent être détaillées. Elles sont ensuite vérifiées et consolidées afin d’éviter les erreurs, oublis et doublons.
Calculer les émissions carbone
Pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre, le Bilan Carbone® de l’ADEME recourt à deux types de facteurs d’émission :
- Le facteur d’émission physique : plus précise, cette approche est à privilégier dès que possible. Le calcul est le suivant : Quantité GES = quantité consommée (exprimée dans l’unité du produit) x facteur émission physique (quantité de CO2 émise par une unité).
- Le facteur d’émission monétaire : il est utilisé quand le calcul de la quantité d’émission carbone est difficile, notamment pour les services immatériels. Le calcul est le suivant : Quantité GES = Prix du produit ou service x facteur émission monétaire (exprimé en kgCO2e par k€ HT)
Les facteurs physiques et monétaires des produits et services sont consultables dans la Base Empreinte® de l’ADEME ou dans les protocoles internationaux comme le GHG Protocol.
Des outils et logiciels dédiés facilitent les calculs en puisant directement dans cette base. L’entreprise peut aussi déléguer le bilan carbone à un cabinet de conseil spécialisé.
Analyser et exploiter les données
L’analyse des données permet de repérer les postes d’émission de gaz à effet de serre les plus importants. Cette étape technique guide la rédaction du plan de transition, détaillant les objectifs chiffrés et les mesures concrètes pour réduire les GES. L’entreprise peut s’appuyer sur la méthodologie de l’ADEME et ses guides sectoriels.
Réalisé tous les 3 à 4 ans, cet exercice permet de suivre et piloter la stratégie de transition énergétique de l’entreprise, de vérifier l’efficacité des mesures et de les adapter si nécessaire.
Pour les entreprises assujetties à l’obligation du Bilan carbone, les résultats sont publiés sur la plateforme de l’ADEME « Bilans GES ».
Quelles sont les actions concrètes pour réduire son bilan carbone ?
Les actions pour réduire le bilan carbone d’une entreprise dépendent de sa taille et de son activité. Cependant, certaines mesures concrètes ont su démontrer leur efficacité. Accessibles à tous, elles peuvent être déployées par toute entreprise engagée dans la réduction de son empreinte carbone.
Miser sur l’efficacité énergétique
Maîtriser la consommation d’énergie de l’entreprise réduit les émissions de gaz à effet de serre des scopes 1 et 2. Cette stratégie combine les gestes de sobriété énergétique, adoptés par les collaborateurs dans leur vie professionnelle quotidienne, à des investissements concrets dans l’efficacité énergétique.
Réduire la température du chauffage et de la climatisation, optimiser l’éclairage et la ventilation, éteindre les appareils informatiques, isoler les bâtiments, choisir des équipements moins énergivores… : tous ces choix participent à limiter les gaz à effet de serre dans l’atmosphère et le montant de la facture énergétique.
Décarboner les usages
Les solutions de décarbonation et d’énergies renouvelables participent à la réduction des émissions de GES du Scope 2.
L’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture des bâtiments et d’ombrières solaires sur les parkings ouvre l’accès à une énergie verte, renouvelable et locale. L’autoconsommation cumule les atouts. Elle sécurise l’approvisionnement énergétique, réduit la facture d’électricité et limite les émissions carbone. L’électromobilité professionnelle libère l’entreprise de la dépendance aux carburants fossiles très polluants.
Adopter des technologies bas carbone améliore significativement, rapidement et durablement le bilan carbone de l’entreprise.
Pour exemple, l’électricité photovoltaïque et la géothermie émettent en moyenne 44 à 45 g CO2e/kWH contre 243 g CO2e/kWH pour le gaz naturel ou 1 060 g CO2e/kWH pour une centrale charbon. De même, l’empreinte carbone d’une voiture électrique est en moyenne inférieure de 20 à 60 % à celle d’une voiture thermique.
Réduire les émissions de GES des tiers
Réduire les émissions de gaz à effet de serre du Scope 3 peut sembler plus complexe. Pourtant, mobiliser les tiers est essentiel. Car 80 à 90 % des émissions carbone d’une entreprise sont générées par les activités en amont et en aval de la production.
Plusieurs mesures permettent la réduction des émissions carbone du scope 3. L’entreprise peut notamment :
- Agir sur les déplacements en encourageant le covoiturage et la mobilité douce pour les déplacements domicile-travail, et en maîtrisant la mobilité professionnelle grâce à la visioconférence et le télétravail.
- Engager une réflexion commune avec ses fournisseurs pour améliorer la chaîne d’approvisionnement et privilégier des modes de transport bas-carbone (train, bateau, transport lourd hydrogène et bio-GNV…)
- Veiller à ses choix d’investissements financiers, mobiliers et immobiliers.
Sensibiliser et former ses collaborateurs
La réussite de toute démarche transversale repose sur l’engagement des acteurs concernés. La transition énergétique ne fait pas exception, bien au contraire ! Son succès implique des changements de comportement et l’intégration de nouveaux réflexes dans les projets et relations professionnels.
La sensibilisation et la formation des collaborateurs et des fournisseurs aux pratiques durables et éco-responsables est la pierre angulaire pour construire une culture d’entreprise forte en faveur de l’environnement.
Le bilan carbone est la base pour toute entreprise qui souhaite s’adapter au réchauffement climatique et réduire ses émissions de gaz à effet de serre. À la clé, une empreinte carbone maîtrisée, un impact écologique limité et une image valorisée.
Pour réaliser ce bilan carbone, l’entreprise est encouragée à utiliser la méthodologie Bilan Carbone® de l’ADEME. Scope par scope, des solutions existent pour une entreprise durable, aux consommations énergétiques maîtrisées.
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