À l'heure de la transition énergétique, il est essentiel d'explorer chaque méthode alternative de production avec attention. Le développement des biocarburants est crucial face au tarissement des énergies fossiles.
En effet, nos besoins en énergie ne vont pas se réduire de manière drastique malgré les efforts d'efficacité énergétique. Afin de réduire nos émissions de CO2, il est toujours intéressant de creuser toutes les pistes. Les biocarburants sont des carburants produits à partir de matières végétales comme le colza, la betterave ou encore les céréales.
Le fait de pouvoir en produire à partir de produits agricoles les rend très avantageux. Cependant, comme nous le constatons souvent dans nos articles, dans le monde de l'énergie : rien n'est simple !
Le secteur du transport est responsable à lui seul du quart de nos émissions de CO2. Ce secteur est alimenté quasi exclusivement par des produits pétroliers. Le fait de pouvoir substituer ces carburants issus de l'industrie pétrolière par un nouveau carburant écologique, donne un atout supplémentaire aux pouvoirs publics.
Comme nous allons le voir, les biocarburants ont déjà fait leur apparition dans le paysage français. Leur démocratisation reste essentielle afin de tourner la page des énergies fossiles.
Les biocarburants représentent 8,4 % de la production primaire d'énergies renouvelables en France, ce qui en fait la cinquième source d'énergie renouvelable.
Quelle est la définition d'un biocarburant ?
Qu'est-ce qu'un biocarburant ?
La plupart des moteurs thermiques classiques que nous connaissons brûlent des carburants afin de pouvoir fonctionner. Le secteur du transport fonctionne essentiellement grâce à des produits pétroliers.
Comme on peut le constater ci-dessous, les biocarburants représentent encore aujourd'hui une part infime du mix énergétique du transport.
Les biocarburants ont la particularité d’être des produits issus de la transformation de matière végétale et donc naturelle. Leurs avantages sont qu'ils peuvent directement être mélangés à de l’essence classique sans adaptation (ou autre produits).
Il faut d'ailleurs rappeler qu'aujourd'hui de nombreux produits utilisés dans les voitures essence par exemple contiennent des biocarburants dans des proportions variables.
Les biocarburants classiques
Il existe deux grands types de biocarburants actuellement : le biogazole et le bioéthanol. Cela s'explique par les deux grands types de moteur présentement répandus : le moteur essence et le moteur diesel.
Tout d'abord en ce qui concerne le moteur diesel, on utilise des plantes qui contiennent de l'huile (colza, tournesol, soja...) et on les mélange à de l'éthanol afin de le faire réagir. On obtient alors de l'ester méthylique d'huile végétale autrement dit du biogazole.
Ce produit est semblable au carburant issu de l'industrie pétrolière et peut y être mélangé. On obtient aujourd'hui des produits qui affichent jusqu’à 10% de biocarburant ce qui est loin d’être négligeable compte tenu de la taille de ce secteur. La commission européenne peut intervenir et le fait régulièrement sur ces sujets en modifiant notamment les proportions.
En ce qui concerne les moteurs à essence, le bioéthanol est obtenu autrement. On utilise principalement des matières issues de production industrielle (telles que la betterave ou la canne à sucre). Pour obtenir du bioéthanol, on fait fermenter le sucre contenu dans ces matières agricoles, puis on extrait un alcool de ce procédé. Il faut souligner que ce procédé se fait grâce à l'aide d'un produit pétrolier : l'isobutène.
Quels sont les avantages des biocarburants dans le cadre de la transition énergétique ?
Les biocarburants de nouvelle génération mobilisent des ressources locales et renouvelables
Le principal atout des biocarburants réside dans son mode de production. À l'image d'autres sources de production renouvelables, ce procédé n'utilise pas de ressources fossiles.
Il existe une autre catégorie de biocarburant plus avancée. A contrario des biocarburants classiques, ces biogazoles et biokérozènes sont issus de matières premières telles que des résidus issus de l'agriculture, de restes forestiers...
Cette matière première présente de nouveaux avantages :
- Un prix moins important que la matière première classique
- Une ressource disponible en plus grande quantité
- Une production plus "écoresponsable"
Certains pays disposent de matières premières en abondance et peuvent donc en profiter pour produire ce type de carburant en accord avec nos objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Le cycle de vie des biocarburants est-il écologique ?
Comme tout procédé, pour évaluer son impact sur l'environnement, il faut prendre en compte l'intégralité de son cycle de vie.
Cela dépend fortement de l'installation agricole qui fournit la matière première et des procédés de traitement. Aujourd'hui, tant que les procédés n'utilisent pas de charbon ou de traitement trop lourd, le bilan est largement positif.
La plupart des installations agricoles concernées en France obtiennent des résultats intéressants avec des gains importants en termes de réduction de gaz à effet de serre (de l'ordre de 70%).
Les biocarburants ont-ils un avenir en France ?
Peut-on espérer de nouveaux débouchés pour les biocarburants ?
Au vu des qualités mentionnées ci-dessus, il est évident que les biocarburants peuvent trouver des débouchés intéressants.
Tout d’abord le secteur du transport. La décarbonation de ce secteur est essentielle à l'atteinte de nos objectifs de réduction de nos émissions de CO2. En effet, la production d’électricité en France est majoritairement décarbonée (production à plus de 70% de nucléaire). Le secteur du transport lui reste majoritairement pétrolier et une cible de développement intéressante.
On peut également citer le secteur de l'aviation, qui voit arriver de nouveaux carburants de synthèses tels que le biokérozène. Le trafic aérien représente aujourd'hui plus de 10% de l'utilisation de carburants au niveau mondial. L'avantage de cette technologie est qu'elle permet d'incorporer plus de biocarburant que dans les carburants automobiles.
Les biocarburants, oui mais à quels prix ?
Les évolutions technologiques sont toujours dépendantes de leurs réalités économiques. Une solution technique peut être viable en laboratoire, mais si son usage à grande échelle est un gouffre financier, elle ne verra jamais le jour.
Le secteur de l'énergie est essentiellement capitalistique et les montants en termes d’investissements sont bien souvent colossaux.
Dans notre cas, le prix total va essentiellement dépendre du coût de matière première ainsi que du coût de main-d’œuvre. Certains pays comme le Brésil disposent de coûts relativement faibles. Aux États-Unis, les nouveaux procédés arrivent à se rapprocher des prix de production des produits pétroliers, ce qui est encourageant.
Il est donc évident que les biocarburants ont un rôle à jouer dans la transition énergétique. Leur avenir dépend des pouvoirs publics, il faut inclure aujourd’hui dans leurs plans d’investissement des projets de biocarburant. En réduisant les coûts, cela va inciter des investisseurs privés à développer cette activité, à l’image de ce qu’il peut se passer sur l’hydrogène aujourd'hui.
Il faut tout de même noter que l'évolution des prix des cultures (maïs, sucre, etc.) va mécaniquement générer des potentielles pénuries. Certains pays auront fatalement des problèmes de famine afin que d'autres puissent rouler au bio.
N'hésitez pas à lire notre article : Peut-on transformer du CO2 en carburant ?