Collectivités : les stratégies pour maîtriser votre budget énergie
Les collectivités territoriales sont parmi les premières victimes de la hausse des prix de l’énergie.
L’Observatoire des finances et de la gestion publique locale (OFLG) relève une augmentation de 29,3 % des dépenses en énergie-électricité des communes en 2023, après une hausse de 22,4 % en 2022 !
Si l’inflation décélère en 2024, les dépenses énergétiques continuent à menacer l’équilibre budgétaire des collectivités.
Comment les communes, intercommunalités et départements peuvent-ils faire face à cette pression financière et maintenir l’équilibre budgétaire ? La réduction des consommations énergétiques est la clé.
Sirenergies vous propose un tour d’horizon des stratégies gagnantes.
Les dépenses énergétiques : un poids lourd pour les collectivités
Bâtiments publics, éclairage public, infrastructures techniques : pour exercer leurs compétences et assurer les services publics, les collectivités disposent d’un patrimoine incompressible, souvent gourmand en électricité et en gaz.
Les bâtiments publics : des gouffres énergétiques
76 % de la consommation énergétique des communes est générée par les bâtiments publics. Mairies, écoles, collèges, gymnases, bibliothèques, salles des fêtes, ,… : avec plus de 225 000 bâtiments publics et 280 millions de mètres carrés, le patrimoine bâti des collectivités territoriales impressionne, tant par sa surface que par les dépenses énergétiques qu’il génère ! Près de 3 milliards d’euros sont dépensées chaque année par les communes pour la consommation de leurs bâtiments, dont 75% sont consacrés à l’éclairage et au chauffage.
L’éclairage public : un poste de dépenses clé
L’éclairage public est le deuxième poste de dépenses énergétiques des collectivités. Selon l’ADEME, il représente 41 % de la consommation énergétique des communes et 37 % de leur facture d’électricité totale (contre respectivement 32 % et 18 % en 2017).
Cette évolution s’explique par l’augmentation des coûts de l’électricité, couplée à des matériels vétustes, énergivores et peu performants. 40 % des luminaires ont plus de 20 ans. Les ballons fluos à vapeur de mercure symbolisent l’obsolescence du parc d’éclairage public. Particulièrement gourmands en électricité, ils sont interdits à la commercialisation depuis 2015 mais toujours autorisés à l’exploitation.
Les infrastructures techniques : une consommation cachée
Les infrastructures techniques génèrent des dépenses énergétiques souvent oubliées. Les réseaux d’eau potable sous pression consomment de l’électricité pour remplir les réservoirs et les châteaux d’eau, mais aussi pour les postes de pompage et les surpresseurs. De même, les stations d’épuration consomment de l’énergie pour traiter les eaux usées.
Dans une enquête de 2022, l’association AMORCE estime que l’énergie nécessaire au service eau potable représente 100 kWh/an et 150 kWh/an pour le service assainissement.
Pourquoi une collectivité doit-elle maîtriser ses consommations énergétiques ?
Équilibre budgétaire, sauvegarde des politiques publiques, conformité environnementale et transition énergétique sont autant d’enjeux forts cachés derrière la nécessaire maîtrise des consommations énergétiques.
Sauvegarder les politiques publiques
Au cœur de la crise énergétique, l’Association des Petites Villes de France (APVF) estime que « les dépenses d’énergie de certaines communes ont bondi de 50 % », avec des hausses allant jusqu’à 300 % !
Or, les communes, intercommunalités et départements ont l’obligation de présenter un budget à l’équilibre. Une flambée du poste énergie peut les contraindre à supprimer des politiques publiques, rogner des subventions ou réorienter des investissements pour compenser la hausse des coûts énergétiques. Elles peuvent aussi être tentées de jouer sur les recettes en augmentant les impôts et les taxes locales. Maîtriser les dépenses énergétiques permet d’éviter ces choix préjudiciables aux services publics.
Répondre aux exigences de la réglementation environnementale
Les collectivités sont concernés par le dispositif Éco Énergie Tertiaire (DEET). Issu de la loi ELAN, le décret tertiaire impose à tout bâtiment tertiaire de plus de
1 000 m² de réduire ses consommations d’énergie.
L’objectif de la France ? Atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les objectifs sont ambitieux. Concrètement, les collectivités doivent réduire la consommation énergétique de leurs bâtiments de 40 % d’ici 2030, de 50 % d’ici 2040 et de 60 % d’ici 2050.
Participer à la transition énergétique
À l’origine de 12 % des émissions de gaz à effet de serre, les collectivités ont un rôle majeur à jouer dans la transition énergétique. Les choix économiques sont aussi des choix écologiques. Maîtriser les consommations réduit les émissions de CO2. Développer les énergies renouvelables valorise des ressources naturelles locales, renforce la souveraineté énergétique des territoires et consolide leur résilience face aux crises.
Ces choix participent à l’attractivité d’un territoire, en transmettant l’image d’une collectivité exemplaire, engagée dans la transition énergétique et soucieuse de l’avenir de ses citoyens.
Quelles sont les stratégies d’optimisation du budget énergie des collectivités ?
Même si le patrimoine public est incompressible, de nombreuses solutions concrètes existent pour réduire les consommations énergétiques, sans menacer les budgets de fonctionnement et d’investissement des collectivités.
Réaliser un audit énergétique
L’audit énergétique est souvent la clé pour sensibiliser les élus. Exhaustif et détaillé, ce document dresse un état des lieux énergétique de la collectivité. L’analyse des consommations permet d’identifier les postes de dépenses les plus élevés, de repérer les éventuels dysfonctionnements et de préciser clairement les besoins.
Armé de ces données, l’expert peut proposer des pistes d’amélioration concrètes. Les conclusions servent de socle pour bâtir une stratégie énergétique adaptée aux besoins et au budget de la collectivité.
Optimiser les contrats et achats d’énergie
La collectivité peut réduire ses dépenses énergétiques en optimisant ses achats d’énergie et ses contrats d’électricité et de gaz. Comme les entreprises, les communes et intercommunalités peuvent réaliser des économies financières substantielles grâce à :
- L’anticipation des achats pour prendre le temps de négocier l’offre la plus compétitive et personnalisée avec les fournisseurs d’énergie.
- L’achat au bon moment pour profiter des meilleures opportunités tarifaires.
- L’optimisation de la puissance souscrite.
L’achat groupé est aussi un choix efficace pour réduire les coûts énergétiques. Le groupement de commandes sécurise la procédure de marché public sous la forme d’un unique appel d’offres organisé par un expert. La mutualisation des besoins stimule la concurrence des fournisseurs d’énergie pour obtenir les meilleurs tarifs et services, tout en libérant la collectivité des contraintes de négociation et d’analyse des offres.
Actions rapides, efficaces et peu coûteuses, l’achat éclairé d’énergie et l’optimisation des contrats exigent de l’expertise et une solide connaissance des marchés de l’électricité et du gaz.
Avec la plateforme Pilott, les collectivités peuvent connaître leurs consommations énergétiques pour bâtir un contrat d’énergie sur-mesure.
Améliorer la performance énergétique des bâtiments
Encouragée par l’État, la rénovation énergétique des bâtiments publics a prouvé son efficacité. Une économie d’énergie moyenne de 43 % est observée dans les 6 000 projets du plan national de relance à la rénovation énergétique.
L’isolation thermique et la modernisation des systèmes de chauffage et de ventilation s’imposent comme les actions d’efficacité énergétique les plus performantes. Mais les collectivités peuvent aller plus loin en équipant leurs bâtiments de dispositifs de gestion intelligente de l’énergie.
Les systèmes de management de l’énergie (SME) permettent de réaliser des économies d’énergie grâce au suivi en temps réel de la consommation, à la détection automatisée des dysfonctionnements et au pilotage à distance des équipements.
Autre outil à disposition des collectivités : le contrat de performance énergétique (CPE). Signé avec un opérateur d’efficacité énergétique, ce contrat vise un objectif concret de réduction de la consommation énergétique via la réalisation de travaux et une gestion optimisée des équipements.
Si l’investissement est élevé, la rénovation énergétique ouvre droit à de nombreuses subventions publiques : Fonds vert de l’État, subventions départementales, appels à projets des syndicats d’énergie départementaux, programme ACTEE porté par la FNCCR (1), etc
Moderniser l’éclairage public
Selon l’ADEME, l’éclairage public représente un potentiel de 50 à 75 % d’économies d’énergie. Le simple passage aux LED économise jusqu’à 60 % d’électricité.
Le recours à des systèmes d’éclairage intelligents (ou smart lighting) maximise les économies. Capteurs, horloges astronomiques, ballasts électroniques, détecteurs de présence et pilotage à distance régulent l’éclairage en fonction des heures et des besoins et diminuent les factures d’électricité.
Radicale pour baisser les dépenses, l’extinction nocturne est aussi de plus en plus pratiquée en France. Dans le baromètre 2023 de l’Observatoire française de la transition écologique, 80 % des 500 maires interrogés déclarent éteindre l’éclairage public après 22 heures. Cette solution rapide et efficace réduit aussi la pollution lumineuse et protège la biodiversité.
Agir sur l’éclairage, c’est la promesse de réelles économies financières.
Développer les énergies renouvelables locales
Autoconsommer sa propre production d’électricité réduit les achats d’énergie. Mais c'est aussi une source de revenus supplémentaire grâce à la revente de l’électricité non consommée.
L’installation de panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics est la solution la plus plébiscitée par les collectivités. Nul besoin d’être une grande commune pour accéder à cet outil de transition énergétique.
Les réseaux de chaleur ont aussi le vent en poupe. Ils permettent de chauffer des bâtiments publics et privés à partir d’énergies renouvelables et de récupération (biomasse, bois-énergie, énergie issue du traitement des déchets, géothermie..)
L’investissement reste cependant un frein au développement des énergies renouvelables par les collectivités. Des solutions existent pour amortir le coût, dont le recours à des tiers investisseurs privés ou publics-privés (SEM – Société d’Économie Mixte, SPL – Société Publique Locale,…) et la recherche de subventions (Fonds chaleur de l’ADEME).
Sensibiliser et impliquer les agents et les citoyens
Comment réduire les consommations énergétiques si les agents et les usagers des bâtiments publics laissent une fenêtre ouverte dans la salle de classe ou n’éteignent pas la lumière en quittant la salle des fêtes ? La communication est essentielle pour accompagner la stratégie énergétique de la collectivité.
Peu coûteuses, les campagnes de formation et de sensibilisation à la sobriété énergétique peuvent permettre de réduire jusqu’à 10 % des dépenses.
Pour conclure
Face à la pression budgétaire et la hausse des prix de l’énergie, les collectivités territoriales ont plus que jamais besoin de repenser leur gestion énergétique.
Audits, anticipation des achats, optimisation des contrats d’électricité et de gaz, développement des énergies renouvelables, travaux de rénovation énergétique, gestes de sobriété énergétique : les solutions concrètes et ciblées ne manquent pas aux collectivités territoriales pour maîtriser leur budget énergétique. Conseillers en énergie partagés, syndicats d’énergie départementaux, agences locales de l’énergie et du climat, ADEME et son programme Territoire Engagé Transition Écologique sont là pour les aider à relever les obstacles techniques et financiers.
Vous êtes une collectivité ? Et si vous faisiez aussi appel à un expert pour l’optimisation de vos achats et de vos contrats d’électricité et de gaz ?
Sirenergies allie l’expertise stratégique à la technologie numérique pour bâtir des stratégies personnalisées de maîtrise de vos coûts énergétiques.
(1) Programme ACTEE (Action des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Énergétique) porté par la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies)