Comprendre le GIEC, le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat
En 2023, le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat) est revenu sur le devant de la scène à la faveur de la publication de la synthèse de son 6e rapport d’évaluation sur le changement climatique.
Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC est longtemps resté confidentiel. Il s’est aujourd’hui imposé comme une référence scientifique, sous fond de réchauffement climatique et de prise de conscience collective.
Médiatiques, ses rapports d’évaluation ne laissent pas indifférents et bousculent les esprits. Pourtant, le GIEC reste encore un groupe au fonctionnement méconnu.
SirEnergies vous invite à découvrir cette organisation qui a reçu en 2007 le Prix Nobel de la paix pour ses contributions sur le changement climatique.
Qu’est-ce que le GIEC ?
Le GIEC est un groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat. En anglais, il est connu sous l’acronyme IPCC ou Intergouvernemental Panel on Climate Change. C’est un lieu d’expertise scientifique collective, passé de l’ombre à la lumière en 45 ans d’existence.
Qui est à l’origine du GIEC ?
Le GIEC est né en 1988. Dès son origine, il a eu pour mission de fournir aux responsables politiques des évaluations scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, en analysant causes, impacts potentiels, risques futurs et stratégies d’adaptation et d’atténuation pour y faire face.
Le GIEC a été créé par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), sur l’initiative de scientifiques précurseurs conscients des conséquences sur le climat de l’accumulation des effets de serre dans l’atmosphère.
Comment est structuré le GIEC ?
Le GIEC est un groupement scientifique intergouvernemental indépendant. Tous les pays membres de l’OMM et de l’ONU peuvent participer à ses travaux sur le climat. Collégiale, sa gouvernance est fondée sur le consensus. Le GIEC est gouverné par :
- L’Assemblée Générale : composée des représentants des gouvernements des pays membres du GIEC, elle se réunit une à deux fois par an en séances plénières pour valider chaque synthèse des rapports d’évaluation, les rapports spéciaux et les rapports méthodologiques.
- Le Bureau : il est constitué de 34 scientifiques élus par l’Assemblée Générale et placé depuis 2023 sous la Présidence du climatologue britannique Jim Skea. Le Bureau siège toute la durée d’un cycle d’évaluation, de 5 à 7 ans.
Basé à Genève, le Secrétariat du GIEC assure la gestion quotidienne de l’organisation.
En France, c’est le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires qui assure les relations avec le GIEC.
Quel est le rôle du GIEC dans la lutte contre le changement climatique ?
Le GIEC est une organisation indépendante et neutre sur le climat. Sa mission ? Donner aux États et décideurs toutes les clés scientifiques pour décider et orienter leurs politiques climatiques et énergétiques.
Le GIEC, une mission d’expertise collective
La principale mission du GIEC consiste à présenter et évaluer, de manière scientifique, rigoureuse, objective et neutre, l’état des connaissances scientifiques en matière de climat.
Le GIEC publie tous les 5 à 7 ans un rapport d’évaluation périodique. Des groupes d’experts scientifiques y analysent en détail les causes, impacts et risques liés au changement climatique, pour l’homme et son environnement.
Ils proposent des scénarios projectifs d’adaptation et d’atténuation. Les travaux se basent sur des connaissances solides, déjà établies par des documents techniques et scientifiques existants. Le GIEC n’a en effet pas vocation à être un laboratoire de recherche.
En complément, les experts du GIEC publient des rapports scientifiques spéciaux. Les derniers portent sur Le réchauffement planétaire de 1,5 °C L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique ou encore Le changement climatique et les terres émergées.
Enfin, une équipe spéciale pour les inventaires nationaux des gaz à effet de serre (GES) élabore des méthodologies pour aider les États dans le suivi de leurs émissions. Les lignes directrices ont été révisées en 2019.
Le GIEC, une référence scientifique
Les rapports d’évaluation du GIEC servent de référence aux États et décideurs pour orienter les politiques climatiques et énergétiques nationales et internationales.
Ils sont utilisés comme bases des négociations internationales sur le climat menées au sein de la Conférence des Parties (Conference of the parties – COP) et sous l’égide de la CCNUCC (convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques).
Le dernier rapport d’évaluation du GIEC a aussi constitué la principale base scientifique du premier Bilan Mondial de l’Accord de Paris à l’automne 2023.
Exhaustifs et impartiaux, les rapports d’évaluation sont ne sont ni incitatifs ni directifs. Selon la formule consacrée, leurs contenus doivent être « policy relevant, but no policy prescritive » (en français, « pertinents politiquement, mais non prescriptifs »).
Comment sont rédigés les rapports du GIEC ?
La synthèse du dernier rapport du GIEC sur le climat a été publiée en mars 2023. Si sa publication a été médiatisée, il a conclu la publication en trois volets du rapport intégral de 2021 à 2022.
Les trois groupes de travail scientifiques du GIEC
Le rapport d’évaluation est composé de trois volets, chacun sous la direction d’un groupe de travail dédié. Trois groupes de travail coexistent au sein du GIEC, composés d’experts scientifiques :
- Le groupe de travail 1 est dédié à la connaissance et l’analyse des principes physiques et scientifiques du changement climatique. Il est co-présidé depuis 2023 par un Français, le météorologue et climatologue, Robert Vautard.
- Le groupe de travail 2 se concentre sur les conséquences du changement climatique, ainsi que sur la vulnérabilité et les capacités d’adaptation des systèmes socio-économiques.
- Le groupe de travail 3 évalue les solutions pour atténuer le changement climatique et limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).
La rédaction des rapports : un processus structuré et consensuel
Chaque rapport d’évaluation du GIEC est rédigé selon un processus structuré, hiérarchisé, consensuel et très contrôlé. Les contenus sont élaborés par des centaines d’experts, sous la coordination des coprésidents des groupes de travail et des auteurs principaux.
Les auteurs sont sélectionnés par chaque groupe de travail sur proposition des États et des organisations mondiales. Les travaux sont examinés plusieurs fois par les experts, les examinateurs et les éditeurs-réviseurs. Chaque rapport est validé dans sa version intégrale par le groupe de travail correspondant.
Ce processus est la garantie de disposer de rapports d’évaluation objectifs, exhaustifs et transparents, reflétant la diversité des points de vue de la communauté scientifique.
Les pays membres n’interviennent qu’en phase finale, pour rédiger et valider ligne par ligne, mot à mot et à l’unanimité le résumé destiné aux décideurs, sous le contrôle des experts scientifiques.
Le GIEC : quelques chiffres-clés
- 195 : le nombre de pays-membres du GIEC, soit la quasi-totalité des 197 États reconnus dans le monde.
- 6 millions d’euros : le budget annuel du GIEC.
- 10 000 : le nombre de pages de la sixième édition du rapport du GIEC.
- 37 : le nombre de pages du résumé de la sixième édition du rapport du GIEC.
- 6 : le nombre de rapports d’évaluation publiés depuis 1990.
Quels sont les 5 scénarios climatiques du dernier rapport du GIEC ?
Publié en mars 2023, le résumé du 6e rapport d’évaluation du GIEC dresse une situation alarmante des changements climatiques et de leurs impacts sur l’homme et son environnement.
Mais il propose aussi des solutions concrètes d’atténuation et d’adaptation pour modifier l’avenir climatique et socio-économique. Cinq scénarios (SSP – Shared Socio-Economic Pathways) sont décrits par les scientifiques pour mieux appréhender les futurs possibles et appuyer les orientations politiques.
2 scénarios avec des émissions de gaz à effet de serre élevées et très élevées
Dans les scénarios les plus pessimistes, les scientifiques prévoient un niveau de réchauffement climatique de 1,5 °C à 1,6 °C d’ici 2040, de 2,1 à 2,4 °C d’ici 2060 et de 3,6 à 4,4 °C d’ici 2100.
Ce monde est marqué par un développement économique à forte intensité énergétique basée sur des énergies fossiles illimitées, la multiplication des catastrophes naturelles, de faibles investissements dans l’éducation et la santé, une croissance démographique rapide et la montée des inégalités.
Hautement vulnérables au changement climatique, les pays se replient sur eux-mêmes, donnant la priorité à la sécurité régionale et à la souveraineté énergétique.
S’ils se confirmaient, ces scénarios illustreraient l’échec des politiques d’atténuation des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ils ne tiennent cependant pas compte de la limitation des ressources fossiles dans le monde.
1 scénario avec des émissions de gaz à effet de serre intermédiaires
Dans le scénario intermédiaire, les températures pourraient grimper de 1,5 °C d’ici 2040, de 2 °C d’ici 2060 et de 2,7 °C d’ici 2100. Il décrit une trajectoire de réchauffement climatique intermédiaire, basée sur la poursuite des tendances actuelles, avec une baisse des émissions de CO2 à partir de 2050.
Dans cette projection, les inégalités économiques et climatiques s’accroissent entre les pays riches et les pays en voie de développement. Certaines régions du monde subissent durement les impacts du changement climatique.
2 scénarios avec des émissions de gaz à effet de serre faibles et très faibles
Les scénarios les plus optimistes s’alignent avec les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Ils prévoient une augmentation des températures inférieure à 2 °C, avec un niveau de réchauffement climatique de 1,5 °C d’ici 2040, entre 1,6 et 1,7 °C d’ici 2060 et entre 1,4 et 1,8 °C d’ici 2100.
Ce sont les scénarios les plus soutenables pour l’homme et son environnement, marqués par le développement des pratiques durables, la croissance économique et la coopération mondiale.
Ils prévoient l’atteinte de la neutralité carbone dès 2050, grâce aux progrès de la capture de CO2 dans l’air. Mais, basés sur une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de carbone dès 2020, ces scénarios seraient déjà obsolètes...
Où trouver le dernier rapport du GIEC ?
Vous souhaitez décrypter les impacts du changement climatique et les solutions pour le ralentir ? Vous pouvez consulter :
- Le résumé du dernier rapport d’évaluation du GIEC (en français) sur le site du Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.
- Les rapports complets du GIEC (en anglais) sur le site de l’IPCC.