L'histoire du nucléaire en France
L’histoire de l’énergie nucléaire en France a réellement débuté à l’issue de la deuxième guerre mondiale. En 1945, le général De Gaulle décide de créer le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) afin d'accélérer l'industrialisation de cette technologie.
Cette formidable entreprise économique et industrielle va hisser la France au 2ᵉ rang mondial en termes de maîtrise et de capacité installées sur le nucléaire.
Nous le savons, les périodes d’instabilités politiques portent souvent sur le devant de la scène les questions d'indépendance énergétique. Comme nous allons le voir, les différents chocs pétroliers ont largement contribué à l’accélération du développement nucléaire en France.
Découverte de l'énergie nucléaire (1945-1970)
Qu'est-ce que l'énergie nucléaire ?
Les premières recherches concernant les radiations et leurs effets datent du début du 20ᵉ siècle. La première guerre mondiale a ensuite largement ralenti les recherches sur le sujet, il a donc fallu attendre les années 1930 avant de découvrir notamment le principe de fission nucléaire. Durant la décennie 1930-1940, les choses s'accélèrent, les scientifiques du monde entier s’emparent alors du sujet de l’énergie atomique.
C’est en 1939 que les 4 chercheurs français Joliot-Curie, Von Halban, Perrin et Kowarski rédigent un article majeur et déposent plusieurs brevets concernant la fission nucléaire.
La technologie de fission nucléaire consiste à projeter un neutron sur un atome lourd instable. Ce dernier va alors éclater en 2 atomes plus légers.
Cette réaction de fission nucléaire va libérer une importante quantité d’énergie qui va provoquer de nouvelles fissions d’atomes et ainsi de suite. C’est une réaction en chaîne qui s'ensuit.
C’est à partir de ce moment-là que les pouvoirs publics prennent confiance et permettent à Frédéric Joliot-Curie de commencer des travaux de recherche de grande ampleur. Les deux usages envisagés sont évidemment la production d’énergie mais également l’armement.
Malheureusement la seconde guerre mondiale stoppe cet élan. La France est alors écartée pour des raisons économiques et militaires des recherches anglo-saxonnes. C’est donc en toute autonomie et indépendance que les travaux vont reprendre à l’issue de la guerre.
Déploiement du programme nucléaire civil
La France entame alors un programme nucléaire à la fois civil et militaire en parallèle. Nous nous concentrerons uniquement sur le volet civil du programme dans cet article.
La première question adressée est celle de l’approvisionnement en uranium. Il est essentiel de pouvoir en disposer à volonté afin de pouvoir mener les essais à bien.
De nombreuses recherches ont été lancées sur les territoires français (métropole et outre-mer) d’abord exclusivement menées par le CEA puis ouvertes aux entreprises privées pour stimuler les découvertes.
Dans un second temps, la construction d’une pile atomique (Zoé) est l’une des missions du CEA. Avant les années soixante-dix, le programme nucléaire français et composé de nombreuses technologies différentes :
- les réacteurs UNGG à uranium naturel, graphite, gaz ;
- la pile à combustible ;
- les réacteurs à eau pressurisée, à neutrons rapides.
Le programme électronucléaire français, un exploit industriel d’envergure
Le premier choc pétrolier : élément déclencheur du plan Messmer
La France ne maîtrise pas encore le cycle complet de production, d’enrichissement d’uranium. C’est à cause d'événements géopolitiques majeurs que la France va accélérer son programme de nucléarisation du paysage énergétique français.
En 1973, suite à la guerre du Kippour, une crise pétrolière majeure s’engage. Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s’organisent afin de faire monter les prix du pétrole en représailles à l’occupation des territoires par Israël depuis 1967.
La facture pétrolière de la France a ainsi quadruplé en l’espace de 2 ans (de 1972 à 1974).
Le 6 mars 1974, Pierre Messmer, alors premier ministre, annonce le fameux “Plan Messmer”.
Il s'agit de redonner son indépendance énergétique à la France en passant par la construction de plus de 13 centrales nucléaires de 1 000 MW chacune.
En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées !
La célèbre phrase de Valéry Giscard D’Estaing fait explicitement référence à la mise en place de ces mesures (mais également au changement d’heure). La volonté des pouvoirs publics est de réduire la consommation de produits pétroliers au profit de l'électricité. C’est le véritable commencement du programme électronucléaire français.
Comme le décrit très bien Bertrand Barré (ancien directeur des réacteurs du CEA), avant cette crise, les technologies utilisées étaient nombreuses et il existait plusieurs réacteurs expérimentaux. Afin de mener à bien ce projet d'envergure, il a été nécessaire d’opérer une sélection dans les technologies et de ne retenir que la plus efficace en termes économiques.
Après de nombreuses tractations et négociations entre constructeurs et gouvernement français, c’est finalement le modèle à eau pressurisée qui est retenue. EDF décide donc de développer la technologie portée par le groupe Framatome.
C’est alors une véritable machine industrielle qui se met en route, avec par exemple la construction de plusieurs tranches nucléaires identiques afin d’augmenter les cadences et l’efficacité de la chaîne de production.
Pour rappel, aucun pays dans le monde (à part les Etats-Unis) à cette époque n’a investi autant d’efforts et de moyens dans la production nucléaire.
Quel parc nucléaire en France à la fin du 20ᵉ siècle ?
La France poursuit donc son projet industriel et doit adapter ses infrastructures. La question de la gestion des déchets est centrale dans une politique nucléaire quelle qu’elle soit. C’est pour cela que le centre de traitement des déchets de la Hague a été modifié afin d'accueillir des déchets hautement plus radioactifs.
Durant cette période, la part du nucléaire dans la production d’électricité passe de 37 % en 1981 à 55 % en 1984. Cette évolution est phénoménale, de nos jours aucun moyen de production ne connaît une telle expansion en si peu de temps.
Les constructions se poursuivent à un rythme important. Par exemple, huit tranches nucléaires commandées entre 1975 et 1982, entrent en service de 1984 à 1987. Il s’agit notamment des centrales de Paluel et Flamanville.
La capacité installée de ces centrales connaît encore une augmentation pour atteindre 1 300 MW. Entre 1985 et 1995, la plupart des pays dans le monde ralentissent leurs programmes nucléaires.
Dès 1975, certaines organisations environnementales font pression pour réduire les capacités installées.
Pourquoi la France a choisi le nucléaire ?
Un des parcs nucléaires les plus importants au monde
La France s’est engagée dans un programme nucléaire à la suite de la libération, mais surtout à la suite des chocs pétroliers. C’est donc fatalement la situation géopolitique de la France qui a provoqué ces investissements massifs.
Si l’on met de côté la libéralisation des marchés de l'électricité (pour laquelle il est très difficile de tirer une conclusion aujourd’hui) survenue dans les années 2000, le nucléaire français fut une réussite totale. La France s’est dotée d’une puissance lui permettant de subvenir à ses besoins énergétiques et d’exporter de l'électricité.
La France a ainsi rayonné à travers le monde et pu signer de nombreux contrats en Iran, en Amérique du Sud, en Chine etc.
Combien de réacteurs nucléaires sont exploités en France ?
Actuellement, la France dispose de 56 réacteurs en état de marche. L’ASN (Agence de sûreté nucléaire) réalise des opérations de maintenance chaque année, ce qui réduit le taux de disponibilité de ces centrales.
Depuis 2005, l’ASN a procédé à plus de 786 arrêts de réacteurs programmés.
Pour en savoir plus n'hésitez pas à consulter notre article : Sûreté nucléaire : Comment assurer la sécurité des centrales nucléaires ?
Quelle est la part de l’énergie nucléaire en France ?
En tant que lecteur assidu de SirEnergies, vous n'êtes pas sans savoir que l'énergie nucléaire représente une part très importante de l'électricité produite en France.
En 2020, le nucléaire représentait plus de 67% de l'électricité produite en France, les énergies renouvelables continuant de se développer.
Cependant, pour assurer la transition énergétique qui se dresse devant nous, le nucléaire paraît être l'énergie de transition indispensable grâce à son abondance et le fait qu'elle n'émet pas de CO2 dans l’atmosphère.
Le savoir-faire technologique de pointe
La France a su développer une génération entière d'ingénieurs de recherche, de gestionnaires et techniciens qualifiés. C’est cette génération qui a su mener à bien ce projet industriel d’envergure inégalé dans le monde.
Aujourd’hui la situation est bien différente. Le groupe EDF a dû faire face au départ à la retraite de cette génération, et cela explique les nombreux retards constatés sur les chantiers d’Hinkley Point ou d'Olkiluoto (Norvège). Durant la décennie 2010, c'est l’idée même de voir un jour ce nouveau type de réacteur fonctionner qui semble s’éloigner.
Aujourd'hui, la Chine et d’autres pays peuvent se targuer d’avoir un EPR en état de marche. La France, par l’intermédiaire d'EDF, a contribué à ses projets à travers le monde.
EDF a récemment repoussé une nouvelle fois la date de mise en service prévisionnelle de notre EPR de Flamanville. Il faudra patienter jusqu'à mi 2023 (au minimum) avant de le voir délivrer ses premiers kWh.
L’histoire de la filière nucléaire en France n’a pas fini de s’écrire. Très récemment, lors de la présentation du plan de relance France 2030 Emmanuel Macron avait annoncé vouloir faire des SMR le fer de lance du nucléaire en France. Ces Small Modular Reactor auraient une puissance comprise entre 50 et 300 MW.
Leur taille réduite pourrait permettre de faire baisser l’ensemble des coûts de production et de gestion des déchets. Le plan de relance présente également 6 projets concernant le nouveau modèle d’EPR (EPR 2) d’ici à 2050.
Pour aller plus loin, n’hésitez pas à lire notre article : Quelles sont les différences entre un EPR et un SMR ?
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