Chaque année, le monde se réunit pour négocier une réponse coordonnée au changement climatique. Ce rendez-vous dit “Conférence des Parties” ou COP est l'organe décisionnel suprême de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).
La première COP s'est tenue en 1995 à Berlin. La 3e qui s'est tenue au Japon a permis l'adoption du protocole de Kyoto. La 21e qui s’est tenue à Paris en 2015 a permis la signature de l’accord de Paris.
La 26e et dernière édition de Glasgow, en Écosse, avait pour but d’honorer les engagements de Paris. Mais qu’en est-il réellement ?
À travers cet article, SirEnergies vous fait une rétrospective complète des différentes COP ainsi qu’une projection sur ce qu’il faut attendre des COP à venir.
Quel est le rôle de la COP ?
Limiter le réchauffement climatique
Les COP ont été organisées afin de limiter le réchauffement climatique dû à l’augmentation, du fait de l’activité humaine, des émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane, etc.) dans l’atmosphère.
L’effet de serre est un phénomène naturel qui est essentiel à la vie sur Terre. Cet effet est dû aux gaz présents dans l’atmosphère qui permettent d’empêcher une partie du rayonnement du soleil de repartir dans l’espace.
La caractéristique, avec ces gaz à effet de serre, c’est que le principal d’entre eux, le dioxyde de carbone, demeure très longtemps dans l’atmosphère. La partie de CO2 qui sera le plus vite absorbée mettra déjà une centaine d’années à l’être.
Mais un cinquième environ du CO2 mettra plus de 10 000 ans à quitter l’atmosphère. Ce phénomène permet de maintenir sur terre une température très stable au environ de 15 °C en moyenne, au lieu de -18 °C en leur absence, et ce en l’absence d’activité humaine.
Ceci est parfait en l’absence d’activité humaine émettrice de gaz à effet de serre, mais dans nos sociétés industrialisées qui émettent beaucoup de CO2 c’est un véritable problème.
Pour mieux comprendre le phénomène, on peut comparer l’atmosphère à une baignoire : le CO2 émis aujourd’hui va rejoindre le CO2 émis ces 150 dernières années. L’atmosphère se remplit de CO2 comme une baignoire.
La différence cependant est qu’on ne sait pas vider l’atmosphère comme on le fait avec la baignoire. Il faut donc fermer le robinet au plus vite - c'est-à-dire stopper les émissions de gaz à effet de serre - afin que la baignoire ne déborde pas.
Sinon les gaz s’accumulent dans l’atmosphère, l’effet de serre s'accroît et la température augmente inexorablement sans que l’on puisse faire baisser la fièvre.
Aujourd’hui la baignoire est pleine, l’atmosphère ne peut plus recevoir de gaz à effet de serre et la température moyenne sur terre augmente. Il faut donc arrêter les émissions de gaz à effet de serre pour empêcher la baignoire de déborder et limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C s’il en est encore temps.
La planète est un écosystème à l’équilibre fragile. On pourrait la comparer à notre corps humain. Lorsque notre température est de 39 °C au lieu de 37,5 °C, on consulte notre médecin qui nous prescrit un traitement pour faire baisser la fièvre sinon notre santé en pâtit.
Eh bien c’est exactement pareil avec la planète, sauf qu’il n’existe aucun traitement pour faire baisser la fièvre, car on ne sait pas vider l’atmosphère de son CO2. La seule action possible est de stopper toutes les émissions de CO2 pour freiner l’effet de serre et contenir la fièvre.
Les COP ont donc pour objectif d’engager les Etats de la planète à stopper leurs émissions de CO2, c’est-à-dire, pour filer la métaphore, à fermer le robinet de la baignoire avant qu’elle ne déborde.
Réduire les émissions de CO2
Le CO2 émis par les activités humaines provient, pour l’essentiel, de la combustion des énergies fossiles - charbon tout d’abord, puis pétrole et gaz - dans les centrales électriques thermiques et dans les transports (avion, camion, voiture).
Voir aussi une infographie sur les centrales à charbon qui ont doublé en capacité depuis l’an 2000 par Carbon Brief.
Attention, l’horloge climatique est en train de tourner, chaque jour des émissions de CO2 sont déversées dans l’atmosphère, remplissant un peu plus la baignoire, et toute journée d’inaction, ou plutôt qui ressemble à la veille, accentue le réchauffement climatique du lendemain.
Comment sont organisées les COP ?
Histoire succincte des COP qui ont marqué notre temps
C’est en 1992 lors du troisième Sommet de la Terre à Rio que 196 nations décident de se réunir chaque année, sous l’égide de l’ONU, en “Conférence des Parties” ou “COP”, pour prendre des mesures en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable.
C’est en 1994 que la CCNUCC a été créée pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre et protéger la terre de la menace du changement climatique. Aujourd’hui 200 pays sont membres de la CCNUCC.
La première COP s’est tenue à Berlin en 1995. Elle n'aboutit pas à des mesures concrètes mais les 120 gouvernements présents prennent acte de la gravité de la situation et de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre relevant des activités humaines.
La troisième COP de Kyoto de 1997 fut historique car elle permit d’aboutir enfin à des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les pays signataires se sont engagés à réduire leurs rejets dans l’atmosphère d’au moins 5,2 % à l’horizon 2012 par rapport à 1990, année de la publication du premier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Durant la COP21, les pays signent l’Accord de Paris qui engage les pays signataires à limiter le réchauffement à un niveau nettement en dessous de 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle.
À la demande des pays les plus vulnérables, il a été ajouté la nécessité de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 degré. Cet accord est construit sur la base d’un accord bilatéral signé 1 an plus tôt entre Washington et Pékin sous la présidence de Barack Obama.
La dernière, la COP26, qui s’est tenue à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021 avait pour agenda d’engager les participants à atteindre des objectifs plus ambitieux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et de débattre de mesures d’adaptation aux conséquences inévitables du changement climatique.
Pour l'historienne du climat Amy Dahan, si les COP n'ont pas empêché les émissions de gaz à effet de serre de poursuivre leur augmentation, et si elles s'apparentent parfois plus à “une bulle coupée du réel”, les COP servent à « mobiliser la société civile et à sensibiliser l'opinion publique ».
Les COP rassemblent de nombreux groupes d’acteurs
Le mécanisme des COP a pour vertu de mettre chaque Etat et gouvernement sous le regard de tous les autres, mais aussi sous le regard de la société civile, des opinions publiques, et celui qui ne tient pas son rang est montré du doigt par tous les autres.
C’est pourquoi les COP rassemblent pendant 2 semaines tout type d’acteurs : scientifiques, chercheurs, associations, entreprises, syndicats, ONG, etc. qui sont identifiables par leur badge.
Il est important de comprendre la manière dont la COP fonctionne, dont elle intègre des acteurs qui ne sont jamais entendus, comme de petits États insulaires, des associations et des participants de la société civile, y compris des étudiants.
Cette force d’autorégulation collective que sont les COP s’appuie sur le souci de l’image publique, de l’opinion de la société civile, et le lobbying des ONG. Les ONG étaient présentes à Glasgow et ce sont elles qui ont fait le travail de pression et de contrôle sur les états.
En effet, aujourd’hui, il n’y a aucun mécanisme qui permet de s’assurer que les pays ont tenu leurs engagements. Le mécanisme des COP est toujours fondé sur un régime déclaratif, seules les ONG font leurs enquêtes et rappellent à l’ordre les États. Le rôle des ONG est donc très important.
Le pacte de la COP26
Les larmes de la COP26
“Puis-je simplement dire à tous les délégués que je m’excuse pour la façon dont ce processus s’est déroulé, et je suis profondément désolé. Je comprends votre profonde déception, mais je pense que comme vous l’avez noté il est également vital que nous protégions cet accord”.
Ce sont les larmes aux yeux et profondément peiné que Alok Sharma, le président britannique de la 26e conférence mondiale sur le climat a présenté l’accord trouvé avant de l’entériner d’un coup de marteau. Ce pacte de Glasgow a été adopté par les 200 pays signataires bien que jugé unanimement décevant.
Quel est l'objectif essentiel de la COP26 ?
L’enjeu de cette COP, 26e du nom, était d'honorer la promesse de l’accord de Paris de 2015 qui donnait rendez-vous 5 ans plus tard à chaque Etat pour qu’il puisse revoir à la hausse ses engagements.
Lors de cette COP, 150 pays ont rehaussé leurs ambitions, néanmoins malgré cela la trajectoire suivie nous conduit à +2,7 °C à la fin du siècle ce qui est considérable.
La promesse de l’accord de Paris n’a été que très partiellement tenue à Glasgow :
- Il y a eu certaines avancées comme la création de coalitions sur la déforestation et sur l’exploitation d’énergie fossile couplée à la capture du carbone ;
- La Chine et les Etats-Unis ont suspendu leur confrontation pour faire une déclaration commune ;
- Cependant la déception a été forte pour les pays du Sud qui ont besoin d’un soutien des pays développés pour lutter contre le réchauffement et s’y adapter, en effet les océans montent (il faut monter des digues, régénérer des mangroves, etc.) et des Etats insulaires vont être rayés de la carte, des populations vont disparaître.
Au final, avec bien des difficultés un accord a été signé par les 200 participants :
- Il évoque pour la première fois le poids des énergies fossiles dans le changement climatique, alors que les mots charbon, pétrole et gaz ne figuraient même pas dans l’accord de Paris ;
- Mais la Chine et l’Inde ont exigé et obtenu, dans les toutes dernières minutes, l’édulcoration du texte final pour que la “suppression progressive” du charbon, “phase out”, soit remplacée dans le texte par sa “réduction progressive”, “phase down”. Le Premier Ministre Indien a ensuite expliqué que le charbon avait été stigmatisé au profit du pétrole et du gaz.
- Le dossier de l’aide aux pays pauvres, qu’on appelle le financement climatique, n’a pas non plus été résolu, l’opposition venant cette fois des Etats-Unis.
- L’objectif de contenir le réchauffement à 1,5 °C est maintenu mais il n’est pas garanti.
- Enfin un accord a été trouvé sur les règles des marchés carbone.
En synthèse, cet accord est très décevant. Il ne permettra (probablement) pas de contenir à 1,5 °C le réchauffement climatique. Il ne répond pas aux demandes d’aide des pays pauvres. Ce n’était pas une COP pour rien mais c’est très loin d’être le grand soir.
Que faut-il attendre des COP à venir ?
Une prise de conscience mais pas encore de résultats
Aujourd’hui, ce qui est très positif est que tous les pays prennent pour acquis le fait que les COP sont des rendez-vous majeurs, des événements auxquels tous doivent participer : des Etats très différents prennent au sérieux les données de la science et discutent de mécanismes de redistribution, de projet commun avec les sociétés civiles. En soi, c’est déjà un très grand progrès.
Une COP est maintenant un événement diplomatique majeur. Les déclarations communes des Chinois et des Américains le montrent, la COP26 a permis de dépasser des antagonismes importants pour répondre à un problème profondément commun.
Car s’il y a bien un sujet sur lequel il faudrait une gouvernance globale c’est le climat, parce que personne n’est innocent et tout le monde va être victime, donc c’est vraiment un sujet global par définition.
Cependant, pour tenir l’objectif d’un réchauffement climatique inférieur à 1,5 °C, il faut comme étape préliminaire faire baisser de 45% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 2010, ce que cette COP26 a réaffirmé dans ses objectifs. Or actuellement on est sur une trajectoire, non pas de réduction mais d’augmentation d’environ 15% d’ici 2030.
Entre 2015 et 2019 en France, on a fait moins de la moitié de la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre que l’on devait faire : on est à 3,5 et on devrait être à 9.
La fin d’un cycle
Cette COP est la fin d’un cycle, les représentants discutent, les pays font des promesses, mais maintenant est venu le temps de l’action. Le mécanisme des COP ne peut pas aller beaucoup plus loin si les États n’apportent pas des résultats concrets. Sinon les ambitions affichées vont s’écarter des réalités à un tel point que le processus finira par être discrédité.
Avant la tenue d’une COP, les États envoient leur déclaration d’efforts. Il faut donc bien comprendre que le modèle est quand même très largement déclaratif. Et tout le monde sait bien que les résultats ne se gagnent pas durant les COP, ils se gagnent localement dans chaque pays, région et territoire.
Dans les COP les résultats sont mesurés, des engagements sont pris, et un cadre est donné. Ensuite tout se passe localement, dans chacun des pays participants.
Agir localement et collectivement pour stopper les émissions de gaz à effet de serre
À son échelle, chacun doit donc se retrousser les manches et lutter contre ses émissions de gaz à effet de serre. Partout, il faut engager des discussions et éviter d’imposer des normes ou des mesures coercitives qui pourraient susciter des convulsions sociales sur des populations fragiles, rappelons-nous les gilets jaunes. Tous conflits sociaux ne conduiraient qu’à faire perdre du temps sur la trajectoire de décarbonation de nos sociétés.
C’est donc un équilibre très fin à trouver, un chemin sur une ligne de crête entre deux gouffres : le gouffre de l’inaction et le péril climatique, et, le gouffre de la convulsion sociale et de la panne collective.
Il faut que chaque gouvernement s’adresse à ses entrepreneurs, à sa population, à ses industriels en leur disant voilà il faut maintenant faire des efforts concertés, négociés, discutés afin qu’ensemble des solutions soient trouvées pour respecter les engagements pris devant le monde entier. C’est ce travail qu’il faut faire aujourd’hui partout et surtout d’abord chez nous en France face à l’urgence climatique.
N'hésitez pas à consulter notre article qui répond à la question : L'énergie renouvelable est-elle toujours la meilleure option ?
Issu d’une volonté du gouvernement français, le Dispositif Eco Efficacité Tertiaire (DEET) également appelé décret tertiaire, impose une réduction des consommations énergétiques progressive pour les bâtiments tertiaires français supérieurs à 1000 m2. Cette réglementation vise à économiser 60% d’énergie finale dans ces bâtiments à l’horizon 2050. Nous vous accompagnons dans la mise en conformité des bâtiments tertiaires dans le but de respecter les obligations du décret tertiaire. Cliquez ci-dessous pour plus d'informations :