(Montel) La demande d'électricité nucléaire d'EDF au tarif réglementé Arenh de EUR 42/MWh pour 2023 a baissé de 7% par rapport à l'année dernière, tombant à 148,3 TWh, a annoncé la Commission de régulation de l’énergie (CRE) jeudi soir.
Toutefois, la demande a dépassé le volume maximal de 100 TWh par an qu'EDF peut allouer à ses concurrents, pour la cinquième année consécutive.
Les fournisseurs alternatifs ne recevront donc que 67,43% des volumes demandés, contre 62,37% pour la livraison de 2022, a précisé la CRE dans un communiqué. Au total, 87 fournisseurs alternatifs ont soumis une demande, soit six de plus qu'en 2021 pour la livraison en 2022, a-t-elle détaillé.
La demande initiale s'élevait à 148,9 TWh mais la CRE l'a revue à la baisse car les fournisseurs avaient surestimé de 0,56 TWh la quantité nécessaire par rapport aux besoins prévisionnels de leurs clients.
Le volume raboté représente « jusqu’à près de 90 % de la demande individuelle de certains fournisseurs », a souligné la CRE. « Une telle vigilance est d’autant plus nécessaire que les prix de gros de l’électricité très élevés génèreront des bénéfices importants pour les fournisseurs qui valoriseraient sur cette base tout ou partie de l’ARENH qui leur a été attribué », a-t-elle ajouté.
« Le marché va se tendre et faire monter les coûts de l'électricité puisque les fournisseurs sont contraints de s'approvisionner avec de l'électricité achetée sur les marchés de gros ou via des producteurs locaux à des niveaux de prix largement supérieur à EUR 42/MWh »
a estimé Emmanuel Sire, président du cabinet de conseil SirEnergies, dans une note publiée vendredi.
Le contrat d’électricité français pour livraison en 2023 se négociait dernièrement à EUR 438,25 euros/MWh sur la bourse EEX, soit plus de dix fois le prix de l'Arenh.
Baisse de la demande
Le recul de la demande de l'Arenh 2023 reflète « l’anticipation par les fournisseurs d’une baisse de la consommation d’électricité en 2023 [et] l’inflexion récente à la baisse ces derniers mois des parts de marché des fournisseurs alternatifs sur le marché de masse », a commenté la CRE, alors que de nombreux ménages ont choisi les tarifs réglementés d'EDF dans le contexte de flambée des prix du marché.
Cependant, l'Uniden, le lobby des consommateurs industriels, a critiqué la décision du gouvernement français de maintenir le plafond de l’Arenh à 100 TWh pour 2023, alors qu'en mars, il avait ordonné à EDF de vendre 20 TWh supplémentaires d'Arenh à EUR 46,2/MWh pour livraison entre avril et décembre de cette année, pour tenter d’enrayer l’explosion des factures d’électricité.
Ce choix devrait coûter EUR 3,5 milliards à l'industrie l'an prochain en raison des « conditions très défavorables » sur le marché de gros, a affirmé l’Uniden dans un communiqué jeudi soir.